Les parents d'un jeune enfant, le médecin de famille ou tout autre professionnel impliqué dans les soins à la petite enfance sont souvent les premiers à exprimer leurs inquiétudes à l'égard du développpement de celui-ci. Certains signes et symptômes peuvent leur laisser croire à un développement anormal, notamment à un trouble du spectre de l'autisme.
Les indices suivants devraient inciter à demander une évaluation plus approfondie1 :
Petite enfance (0-24 mois)
- Babillage restreint, atypique ou absent à 12 mois
- Ne sait pas saluer de la main (faire "bye-bye"), ne joue pas avec des marionnettes, ne personnifie pas des poupées ou des peluches
- Ne répond pas à son nom mais entend bien car sensible à certains bruits
- Aucun mot à 16 mois
- Très sage, ne demande jamais rien, ne pleure jamais
- Difficile à réconforter, refuse de se faire prendre
- Ne sourit pas facilement
- Ne pointe pas du doigt, regarde de côté, regard fuyant
- A des crises de colère inexpliquées, ne supporte pas les changements ou présente des signes d'angoisse devant ceux-ci
- Reste éveillé dans son lit
- Refuse la cuillère, ne supporte pas les morceaux de nourriture
- Refuse de porter certains vêtements
- S'intéresse à la lumière, fixe de façon prolongée des objets, répète toujours le même geste
- A régressé dans ses comportements et apprentissages
Enfant d'âge préscolaire et scolaire
Lors de l'entrée à l'école, les professeurs, orthopédagogues, orthophonistes et psychologues sont aussi susceptibles d'être préoccupés par des difficultés d'apprentissage, des problèmes d'adaptation ou de comportement tels :
- Anomalie du langage, mutisme, écholalie persistante (répétition automatique de paroles ou des sons entendus)
- Utilisation des pronoms "tu", "il" ou "elle" pour référer à soi
- Est solitaire, n'a pas encore d'ami préféré
- Vocubulaire limité compte tenu de l'âge ou, inversement, particulièrement bien élaboré sur des sujets bien précis
- Parle avec un certain accent
- Difficulté à jouer avec les autres (comportement agressif ou perturbateur)
- Réactions anormales devant l'exposition à différents stimulis
- Réactions vives en situation de proximité physique
- Difficultés à gérer les changements, les situations imprévisibles ou les moments de transition entre deux activités
- A de la difficulté à l'école, mais a des connaissances exceptionnelles dans un domaine bien précis
Adolescent
- Difficultés chroniques se manifestant dans les comportements sociaux et dans l'adaptation aux changements
- Manque d'autonomie, "naïveté sociale"
- Communication non adaptée au contexte social (trop grande familiarité, explications élaborées comme en donnerait un professeur)
- Difficulté à se faire des amis de son âge et à maintenir ses relations, relations plus faciles avec les adultes ou les plus jeunes
- Rigidité de la pensée et des comportements : manque d'humour
- Préférence particulière pour des intérêts ou des activités atypiques (collectionner, faire des calculs, dresser des listes)
1Les troubles du spectre de l'autisme, L'Évaluation clinique, Lignes directrices du Collège des médecins du Québec et de l'Ordre des psychologues du Québec, Janvier 2012.
Adulte
Il arrive, à l'âge adulte, qu'une personne s'interroge sur sa "personnalité" ou sa façon de s'adapter aux différents évènements de la vie et ses relations avec autrui. Parfois, cette réflexion est partagée par le ou la conjoint(e) ou par les proches. Certaines caractéristiques du comportement peuvent sembler inhabituelles ou marginales et amener l'individu à en chercher les raisons. Parmi ces traits, certains peuvent être attribuables à un trouble envahissant du développement, tels que :
- Rareté ou absence de marques de réciprocité lors des conversations (sourire, avoir un regard intéressé, hochements de tête)
- Préférence pour discuter de sujets informatifs et concrets en utilisant un vocabulaire très élaboré et technique, un timbre de voix monocorde ou sans lien avec l’émotion vécue
- Réponses aux questions sans élaboration
- Interprétation au premier degré des paroles sans chercher à « lire entre les lignes ». L’emploi d’une expression comme « couper les cheveux en quatre », par exemple, le laissera perplexe
- Difficulté à décoder les intentions et les pensées de l’autre et à adapter le comportement en fonction des attentes sociales. N’accorde pas beaucoup d’importance aux signaux non verbaux ainsi, les relations de couple peuvent être problématiques par manque de compréhension des besoins de l’autre
- Préférence pour les activités routinières et prévisibles : peut vivre beaucoup d’anxiété face aux changements. Certains vont développer une certaine rigidité
- Difficulté à planifier les étapes d’une tâche et à évaluer le temps nécessaire pour y arriver. Difficulté à se mettre en action (peut être jugé paresseux). Lorsque la tâche est connue, l'exécution se fait sans erreur
- Capacité à rester concentré ou à discourir longuement sur un sujet d'intérêt. Difficulté à changer de focus. Capacité d'acquérir et de retenir beaucoup d’informations sur ce sujet. Les sujets d'intérêt sont souvent marginaux : les trains, les pylônes électriques, les chiffres, les dates, etc.
- Perceptions sensorielles amplifiées ou diminuées : facilement dérangé par les textures des vêtements, les bruits forts, les contacts physiques, etc.
- Difficultés motrices globales, fines et d'équilibre : maladresse visible et gênante
Profil féminin
Étant donné que les femmes ont un fonctionnement différent des hommes de façon générale, les caractéristiques mentionnées ci-haut s’actualisent parfois de façon différente chez celles-ci. Les femmes ayant un trouble du spectre de l'autisme :
- Possèdent une capacité à observer les comportements de leurs pairs et à les reproduire afin de passer inaperçues dans un groupe ce qui peut être interprété comme de la timidité. D'ailleurs, plusieurs d’entre elles sont très motivées à comprendre la psychologie et les relations sociales afin de mieux s’intégrer
- Ont des sujets d'intérêts moins marginaux que ceux des hommes : animaux, arts, littérature, langue française. Toutefois, cet intérêt n'occupe pas que leurs conversations. Il prend une place importante dans divers aspects du quotidien : décoration intérieure, choix des vêtements, objets du quotidien à l'image de cet intérêt. Le trouble du spectre de l'autisme lui-même est parfois un sujet d'intérêt chez certaines femmes ayant un TSA
- Présentent souvent une ouverture à vouloir comprendre leur fonctionnement et à parler de leurs émotions
- Lors de situations anxiogènes, les femmes sont plus sujettes à pleurer voire même "s’effondrer", même en public, pour des raisons qui ne nous apparaissent pas si dramatiques
Références :
Tony Attwood, tonyattwood.com
Rudy Simone